vendredi 13 novembre 2015



Jazz sous Influences : #1. Christophe Imbs trio

Les deux sets programmés par Jazzdor jeudi 12, outre leur réussites, offrent quelques bribes de réponses à la question de l'héritage dans le jazz actuel.

Tout juste débarqués du train en retard, qui agitera la soirée culturelle strasbourgeoise du jour, Anne Paceo et Matteo Bortone rejoignent le piano de Christophe Imbs pour l'entame du set au CEAAC. Pas complexés, les trois Stooges lancent le concert de jeudi avec Tuesday et mettent les pieds d'emblée dans la puissance pop. Sans doute Christophe Imbs a-t-il entendu The Bad Plus écoutant Nirvana ou d'autres power trios de jazz testiculé. Rack d'effets en bandoulière, Imbs sulfate les politesses du piano forte quand Bortone et Paceo martèlent les préliminaires. Motif rythmique répété jusqu'à la moelle, sonorités électroniques en arrière-plan, le cadrage de Tuesday est serré et annonce un set énergique et joueur. Mémorial, morceau atmosphérique prenant le relais, lévite avec patience sur les drones tombés à la fois de l'avant-garde US des 70'S et du meilleur de l'electro minimale actuelle, à peine bousculée par quelques accords plaqués à la française mais en mode reverse.
Dans la musique du trio, remuent donc tout ce qu'un jazz d'aujourd'hui a pu entendre ou croiser sur disques ou en live. Ici, on sent la quête énergique des spirales du rock venir flirter avec l'ouverture et la rupture chères au jazzman, depuis que le jazz est jazz.
Nectarine War, où la main droite de Imbs livre quelques précis motifs très vifs, vient compléter la thèse. Modal, lyrique sans crainte d'être mélodique, ce morceau appartient dans doute aux belles choses, sans qu'on puisse l'enfermer dans la joliesse un peu mièvre.
Le planant Music By et le flambeur Sharp, devenu Shark par les joies polyglottes, ajoutent que la musique du trio, dans ses perspectives, échangent des liens souterrains avec la littérature, le secret indicible de l'écriture, peut-être. Sans être tout à fait jésuites, les trois compères ne lâchent pas facilement leurs ornements et on sent Christophe Imbs, malgré les ruades de Paceo, encore à peine prompt à quitter ses retranchements. Secret indicible, disions-nous.
Énergie, ruptures rythmiques, mélodie. Ces ingrédients fréquents dans la jeune génération sont remués par le drumming souriant et alerte d'Anne paceo, habituée des remous scéniques aux côtés de Jeanne Added, entre autres. Le drive de Paceo, qui vient sans cesse perforer plus que soutenir les empilements de Bortone et d'Imbs, fins bretteurs, est très excitant après les pénibles galipettes d'Edward Perraud vues hier à Nevers.

Badneighbour

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