dimanche 15 novembre 2015

Auditive Connection : Douce Transe



  À Strasbourg, ville de jazz, Auditive Connection chemine en toute discrétion, mais avec une solide conviction. Formé autour du violoncelliste Anil Eraslan et la chanteuse Jeanne Barbieri, le quartet s’apprête à prendre son envol.


Il arrive que dans les récits de naissance d’une belle aventure musicale se glissent des éléments intrigants : on ne saura jamais trop à quel calendrier fait allusion le violoncelliste Anil Eraslan quand il nous annonce qu’il y a « découvert Jeanne ». Jeanne, c’est Jeanne Barbieri, chanteuse de jazz et actrice, qu’on croise à Strasbourg et les environs, dans le cadre de performances vocales et scéniques assez sidérantes. Ce que l’on sait en revanche, c’est que la connexion entre les deux se situe du côté du Conservatoire de Strasbourg, et que la rencontre s’est faite alors qu’une première mouture d’Auditive Connection honore des engagements pour des concerts dans la ville. Un premier concert en 2009 dans le cadre du festival Strasbourg-Méditerranée réunit Anil, Jeanne et deux autres musiciens avec un répertoire centré sur les musiques traditionnelles de Turquie, le pays d’origine d’Anil. Une nouvelle orientation en direction de la musique improvisée conduit à des changements. Dès lors, Grégory Dargent à la guitare électrique et Frédéric Guérin à la batterie ont rejoint la formation pour ne plus la quitter. 

À les voir sur scène, on mesure l’évolution qui conduit la culture d’origine d’Anil vers un univers jazz voire chanson. « Le groupe est jeune, nous explique Anil, mais il s’appuie sur une plus longue existence avec ces échanges nourries avec Jeanne. » Forcément, la question s’est reposée de savoir quoi faire à quatre, et si des morceaux même très aboutis révélaient jusqu'alors la personnalité de chacun, y compris des nouveaux membres, la fusion aujourd’hui s’opère. Le temps des choix est passé. Jeanne l’admet volontiers : « On a pu constater une évidence ». Cette évidence renforce la cohérence autour d’un propos qui se nourrit autant des musiques d’avant-garde que de la musique populaire traditionnelle, avec ses relents très new yorkais dans la manière d’enjamber les frontières – les figures tutélaires de Tom Cora, Fred Frith, l’Art Ensemble ou Meredith Monk planent au-dessus de cette belle formation. « On se l’accorde à quatre, nous précise Jeanne, on ne s’attache guère aux catégories esthétiques. Il est vrai qu’il est difficile pour nous dire vers quoi on tend précisément, mais nous sommes toujours d’accord pour nous lancer. » D’où des cheminements sur des voies de traverse, avec parfois un sens du groove assez fascinant ! Ce qui fait de cette belle machinerie un ensemble percussif, que l’univers dadaïste des textes de Jeanne ne vient pas contredire. Aujourd’hui, le groupe est repéré, identifié. Il y a fort à parier que les choses vont s’enclencher très vite, tant il touche du doigt sa part d’universalité.

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