vendredi 8 janvier 2016

Sarah Murcia : Pogo Pogo !


D’après la légende, les punks ne dansent pas ! Avec les surprenants projets de Sarah Murcia qui associent le danseur Mark Thomkins, on va finir par croire que si.

 
Vous avez embarqué Mark Thompkins dans votre projet Never Mind the Future. Inhabituel de voir la danse dans un projet relevant du punk, non ? 
Je ne sais pas. Je suppose que les punks dansent, non ? 

Qu’est-ce qui vous séduit chez Mark ? 
Il crève l’écran ! Quand je le regarde danser, il se dégage un vrai flou autour de l’idée du savoir. Son expression se situe absolument ailleurs. C’est un aspect de l’art dans lequel je me reconnais. 

Parlons de Never Mind... Comment avez-vous rencontré la musique punk ? 
Je suis née en 1976. Je n’ai donc jamais écouté les Pistols adolescente. J’écoutais quand même The Clash, Siouxsie, ou The Jam, et beaucoup de psychobilly. 

Qu’en est-il du punk aujourd’hui, selon vous ? 
Quand j’ai décidé de reprendre ce disque, j’ai lu Lipstick Traces, livre formidable où Greil Marcus rapproche Johnny Rotten de Huelsenbeck, de Guy Debord et des situationnistes, de Saint-Just, des hérétiques médiévaux. Comme si dans l’histoire un souffle dada revenait à travers tous ces individus sans qu’ils se reconnaissent mutuellement. 

Peut-on encore être punk aujourd’hui ? 
Pas chez nous en tous cas. Difficile d’être subversif dans une société où on donne une place bien au chaud aux artistes. 

À moins qu’on reconnaisse Jerry Lee Lewis comme un aïeul du punk, il y a une rareté dans votre projet, est-ce le piano de Benoît Delbecq, peu habituel dans ce registre ? 
Il y a aussi beaucoup de saxophone. Il ne joue que du piano acoustique. Le volume du piano contraint le groupe à un certain mode d’expression, à une esthétique forcément différente. Cela ne m’empêche pas de penser qu’on fait du rock aussi d’ailleurs. Et puis, parfois, Benoît tape vraiment dessus ! 

Au vu de votre parcours, où on note en guise d’euphémisme une sacrée ouverture, on pourrait vous attendre davantage sur le registre du Clash que de celui plus fermé des Pistols. 
La question n’était pas de reprendre mon disque préféré sinon j’aurais pris The Stooges. Mais Never Mind The Bollocks, c’est un tiers de musique, deux tiers de concepts, qu’ils soient politiques ou esthétiques. La musique est très serrée, on pourrait presque dire que tous les morceaux se ressemblent, ce qui permet d’envisager beaucoup de possibilités d’interprétation. 

Question subsidiaire et un brin phallocrate, vous êtes une musicienne alors pourquoi ne pas faire honneur aux filles du punk avec un groupe comme The Slits ? 
Je m’en fiche un peu de faire des groupes avec des filles ou avec des garçons. Je fais ce qu’il me plaît. 

Au final, Caroline feat. Mark Tompkins, groupe punk ? 
Je ne crois pas. Mais pas zouk non plus. 

Par Guillaume Malvoisin

Sarah Murcia, Never Mind The Future, le 8 janvier à Pôle Sud

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